Les US s’attaquent aux crypto

La montée en puissance des régulateurs américains face aux cryptomonnaies a donné naissance à un “choke point 2.0”, entravant l’accès des entreprises du secteur crypto aux services bancaires en dollars américains. Dès lors, les rampes d’accès fiat/crypto étant coupées, ces sociétés sont contraintes de rechercher des alternatives pour faciliter leurs transactions et maintenir leur rôle de porte d’entrée vers les cryptos. L’Europe, avec son approche plus souple en matière de régulation, pourrait tirer parti de cette situation en permettant le développement d’un stablecoin Euro, offrant ainsi une alternative solide et fiable au dollar.

Choke Point 1.0

L’opération Choke Point 1.0 trouve ses origines en 2013, lorsque de nombreuses entreprises liées aux armes à feu, aux drogues, aux prêts et à d’autres secteurs similaires ont perdu l’accès aux services bancaires aux États-Unis. Cette opération a été controversée, principalement parce qu’elle n’a jamais été officiellement votée par les politiciens américains. Il s’agissait en quelque sorte d’une opération secrète dont l’origine est attribuée au Département de la Justice des États-Unis (DOJ), agissant prétendument sur ordre du président de l’époque, Barack Obama.

Cependant, des éléments laissent penser que la véritable origine de l’opération Choke Point provient du Bureau de protection financière des consommateurs (Consumer Financial Protection Bureau ou CFPB). Le CFPB a été proposé pour la première fois par Elizabeth Warren en 2007. Si ce nom vous semble familier, c’est parce qu’Elizabeth est célèbre pour être la politicienne la plus anti-crypto aux États-Unis et peut-être même dans l’univers. Ainsi, l’opération Choke Point 1.0 a marqué un tournant dans la régulation des services financiers aux États-Unis, en ciblant spécifiquement certaines industries considérées comme à risque.

Choke Point 2.0

Cela nous amène à l’opération Choke Point 2.0, qui est une opération menée discrètement par les régulateurs américains pour compliquer l’accès des entreprises et des projets liés à la crypto aux services bancaires. Il n’est pas tout à fait clair quand l’opération Choke Point 2.0 a commencé, mais il semblerait qu’elle se situe autour de début 2022. Cela coïncide avec la période où JP Morgan a soudainement fermé le compte bancaire du fondateur d’Uniswap, Hayden Adams. En réponse au tweet de Hayden, l’ancien commissaire de la CFTC, Brian Quintenz, a déclaré que cela était dû aux instructions données à la Réserve fédérale et à l’OCC (Office of the Comptroller of the Currency) pour faire pression sur les banques afin de rompre les relations avec les entités jugées à risque.

La question qui se pose est de savoir qui a donné ces instructions pour cette répression. Il semblerait que la réponse serait l’administration Biden, ou plus précisément le Parti démocrate. Ce ne serait pas surprenant, étant donné que les politiciens les plus anti-crypto sont tous des démocrates, alors que les plus pro-crypto sont des républicains.

Même si l’opération Choke Point 2.0 a commencé début 2022, elle n’a pas semblé affecter beaucoup l’industrie de la crypto jusqu’à récemment. Nous soupçonnons que cela est dû au fait que les politiciens anti-crypto américains étaient occupés par les élections de mi-mandat de 2022. De plus, il n’y avait pas de justification dans le marché des cryptomonnaies pour cette opération. Certes, l’effondrement de Terra, l’implosion de Three Arrows Capital et l’insolvabilité de Celsius ont attiré l’attention des politiciens américains. Cependant, aucun de ces trois événements n’impliquaient de banques : le premier concernait une crypto-monnaie, le second un fonds spéculatif et le troisième une plateforme.

L’effondrement des banques crypto-friendly américaines

Les banques américaines Silvergate, Signature Bank et SVB, autrefois considérées comme des acteurs clés du secteur des cryptomonnaies en raison de leur approche favorable, ont récemment fait faillite. Ces événements furent fortement liés à l’opération “choke point 2.0”, obligeant les entreprises du secteur crypto à chercher d’autres solutions pour leurs opérations financières.

La réponse du BCB Group

Face à cette crise, le groupe bancaire spécialisé dans les cryptomonnaies BCB Group a saisi l’opportunité de proposer des paiements en dollars américains à ses clients. Cette initiative souligne non seulement la nécessité de trouver des alternatives stables et fiables au dollar pour les transactions en cryptomonnaies, mais également la capacité des acteurs européens à innover et à répondre aux besoins du marché.

Binance à la recherche d’une alternative au dollar

Binance, l’une des plus grandes plateformes d’échange de cryptomonnaies au monde, a exploré des alternatives au dollar pour son propre stablecoin. Parmi les différentes options étudiées, l’euro se démarque comme une monnaie potentiellement stable et fiable. Un stablecoin adossé à l’euro offrirait une alternative solide au dollar dans l’univers des cryptomonnaies et plus largement du Web3.

L’initiative finlandaise : l’EUROcoin

La Finlande a récemment annoncé le lancement d’un nouveau stablecoin adossé à l’euro, baptisé “EUROcoin”. Conçu pour faciliter les transactions entre différentes entités de l’État finlandais, ce stablecoin illustre l’intérêt grandissant pour une monnaie numérique européenne. Ce projet pourrait inspirer d’autres pays européens et contribuer à la mise en place d’un écosystème stablecoin européen.

L’opportunité pour l’Europe et l’euro de s’imposer face au dollar sur le marché des cryptomonnaies

La situation actuelle, marquée par les difficultés rencontrées par les entreprises du secteur crypto face aux régulations américaines et à l’effondrement des banques crypto-friendly aux États-Unis, offre une occasion en or pour l’Europe et l’euro de s’affirmer sur le marché des cryptomonnaies. En lançant un stablecoin adossé à l’euro, l’Europe pourrait capitaliser sur sa régulation plus souple et sur la stabilité économique de la monnaie unique pour attirer les entreprises et les investisseurs du secteur crypto.

Pour conclure, l’opération Choke Point 2.0, initiée par les régulateurs américains, a créé un environnement difficile pour les entreprises et les projets liés aux cryptomonnaies, en limitant leur accès aux services bancaires. Toutefois, cette situation représente une opportunité unique pour l’Europe et l’euro de s’imposer sur le marché des cryptomonnaies en proposant un stablecoin adossé à l’euro. Cette alternative solide et fiable au dollar permettrait non seulement de contourner les restrictions imposées par les régulateurs américains, mais aussi de renforcer la position de l’Europe en tant que pôle d’innovation et de croissance dans le secteur des cryptomonnaies et du Web3.

Le développement d’un stablecoin euro pourrait également favoriser l’intégration financière au sein de l’Union européenne et promouvoir l’adoption des technologies de la blockchain et du Web3 dans divers domaines économiques. Face à la politique restrictive des États-Unis envers les cryptomonnaies, l’Europe doit saisir cette occasion pour consolider la position de l’euro sur la scène financière mondiale et attirer les talents et les investissements nécessaires pour construire un écosystème européen compétitif et dynamique.

Les initiatives telles que celles de BCB Group et de la Finlande montrent que cette voie est déjà en train d’être explorée et que l’émergence d’un stablecoin euro pourrait bien changer la donne sur le marché des cryptomonnaies. Dans ce contexte, l’Europe a tout à gagner en embrassant cette opportunité et en s’affirmant comme un acteur clé dans le développement et l’adoption des cryptomonnaies et du Web3 à l’échelle mondiale.